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Compte rendu - Réhabilitation de 10 sources

à Ankazomiriotra


Bourse AVI International - Edition 2012



Un projet mené par Jean-François Aymond.











12 aout 2012 : notre aventure commence sur le terrain. Joëlle, présidente de l’association part en éclaireur pour préparer la mission. Nous connaissons déjà la commune où nous résiderons, mais notre tâche est, elle, une première expérience pour toute l’équipe. L’association a déjà financé de nombreux projets mais ils ont tous été réalisés à 100 % par les Malgaches, nous n’avions qu’à venir voir le résultat. Mais là, à Ankazo, nous allions être les maîtres d’œuvre, les chefs de chantier pour la première fois.



Bien sûr, nous connaissons le pays et sa culture depuis plus de 12 ans. Oui mais justement… nous savons que tout est très différent de chez nous et que la situation politique et économique est aussi un handicap à surmonter.

Mais l’affection que nous avons pour ce pays et notre envie de mener à bien ce projet, désiré par nos amis malgaches et financé par plusieurs sponsors qui nous ont fait confiance, ont été pour nous des raisons très stimulantes d’y aller ! Les premiers jours dans la capitale, Antananarivo (Tana), ont été consacrés à des démarches administratives et bancaires ainsi qu’aux premiers achats d’intendance. Ensuite Joëlle Huguin part en taxi-brousse pour Antsirabe, grande ville à 180 km au sud, une étape avant le point de chute.



Antsirabe sera le lieu le plus proche des bénévoles pour trouver ce dont ils ont besoin pour les travaux, chercher de l’argent et faire du change, aller au ravitaillement et à la pharmacie si besoin. Elle se situe à 80 km d’Ankazo.

Joëlle y fait du repérage pour trouver les lieux indispensables à un bon séjour : poste, connexion internet, épiceries, ainsi que diverses boutiques : quincailleries, drogueries, scieries, etc… pour entrer dans le vif du sujet ! Premier relevé des prix aussi et comparatifs... une de nos inquiétudes étant de ne pas trouver le matériel dont nous aurons besoin et les matériaux en quantité suffisante. Madagascar étant un pays pauvre les magasins ne sont pas toujours bien approvisionnés.





Cette tâche terminée, Joëlle prend le taxi-brousse pour Ankazo, 3 heures de route. L’accueil est chaleureux : la communauté des sœurs chez qui le groupe va résider est très joyeuse. Elles sont 6 et gèrent une grande maison, 4 des sœurs sont enseignantes, 2 plus âgées s’occupent des tâches ménagères. Elles vont être d’une aide précieuse pour les contacts avec la population, pour nous aider à comprendre les éventuels problèmes et pour chouchouter l’équipe pendant ces 3 mois.

Les retrouvailles ainsi faites, nous nous projetons déjà dans les travaux à mener. Joëlle reprend contact avec notre ami coordinateur interprète, Wil, et avec la présidente de l’association des femmes villageoises, Mme Jeannette, association qui est à l’origine de la demande de réhabilitation. Tout le monde est prêt à travailler. On commence à s’organiser, faire le point sur les sources qui seront aménagées et prendre contact avec leurs propriétaires qui seront aussi responsables de l’entretien après. Joëlle constate que l’approvisionnement en eau potable par les bornes fontaines existantes est encore pire que l’an passé.



26 août, le reste de l’équipe arrive demain, il est temps de remonter sur Tana en taxi-brousse. Nous nous retrouvons tous ensemble tôt le matin, il n’y a pas de temps à perdre, faire tout de suite la présentation de la situation aux nouveaux arrivés, faire part des inquiétudes, des interrogations à Jean-François, chef de projet et commencer à prendre des décisions : que nous manque-t-il d’important que nous ne trouverons pas en dehors de la capitale ?

Deux jours suffisent à faire les achats importants. Nous descendons sur Antsirabe pour y acheter les premiers matériaux. Nous louons un taxi-brousse pour nous seuls et les matériaux : ciment, planches, fer à béton.

Malheureusement nous sommes confrontés à un gros problème avec la police ! Nos bagages, déposés à l'intérieur de la voiture doivent être sur le toit ! Le policier invente cette obligation afin de nous réclamer de l’argent. Mais comme nous ne sommes pas d'accord pour payer quoi que ce soit, nous terminons au commissariat ! Après 1 h de palabre nous pouvons repartir, sans débourser un ariary, mais notre pauvre chauffeur se voit confisquer son permis et, lui, devra payer pour le récupérer dans quelques jours.





Ce contretemps nous fait arriver la nuit chez nos hôtes qui s’inquiètent. A Madagascar, l’insécurité a fortement augmenté depuis le coup d’Etat de 2010. La nuit efface ce mauvais moment et Jean-François commence à monter son équipe de maçons, détermine par quelle source commencer et cherche des transporteurs (en charrette à zébus ou pousse-pousse!) pour acheminer les matériaux. Les maçons se mettent à l’ouvrage, nous sommes heureux, l’eau est là, bien présente. En creusant un peu plus profond nous collectons d’autres sources dans le même réservoir.

Joëlle, venue pour préparer le séjour, rentre en France rassurée car tout a bien commencé. Elle veillera de là-bas à ce qu’il n’y ait pas trop de soucis... Hélas ! Ils vont surgir quand même avec l’arrivée de France, des pompes à mains. Il n’y a plus de revendeur de ce type de pompe à Madagascar. La douane du port de Tamatave fait des siennes ! Encore un moyen de soutirer de l’argent pour résoudre les tracasseries. Heureusement Wil, notre interprète, a un oncle haut responsable dans ce port. Il faut néanmoins faire le déplacement à Tamatave pour s’expliquer : une "petite promenade" d’environ 600 km (aller) en taxi-brousse, soit 2 jours ! Sur place après quelques tentatives d'intimidation, les problèmes s'estompent. Le receveur des douanes accepte, de mauvaise grâce, de donner les pompes à notre transitaire. Mais 11 jours, beaucoup d'énergie et d'argent ont été de perdus.



Nous sommes quand même fiers de rentrer avec les pompes et oublions vite ces vilains tracas ! Les unes après les autres, les sources sont creusées à la main, un bassin de stockage de 3 mètres de profondeur sur 1,50 de large est maçonné avec des moellons achetés sur place, une dalle en béton est coulée. La population participe : elle aide à creuser les puits (travail difficile car l'eau monte toujours), construit des escaliers pour faciliter l’accès aux sources, transporte les matériaux, aménage les alentours et fait des plantations. Les dalles sèches et les pompes vont pouvoir être installées… Quelle joie et quelle émotion pour tout le monde. Chaque pompe mise en place et crachant son eau est l’occasion de réjouissances selon la coutume et arrosée au rhum !



Pour Jean-François, Marie-Thérèse et Gisèle, l'émerveillement des villageois devant ces ouvrages est la plus belle récompense qu'ils pouvaient espérer. La fatigue et les contrariétés administratives sont oubliées, un sentiment de mission accomplie les remplace. Voilà 3 mois de vie partagée avec des familles malgaches pauvres mais tellement courageuses, dures à l’ouvrage et pourtant si gaies et souriantes.

Ce séjour a marqué notre vie. Nous emportons avec nous des images que nous garderons dans notre cœur, des images que nous aimerions vous faire partager, des images magnifiques d’un peuple dont la culture est si différente de la nôtre, vivant dans un pays lui aussi très différent du nôtre. Nous avons pour lui un grand respect et de l’admiration pour sa débrouillardise et sa philosophie de vie, il n’a rien mais il arrive à vivre heureux malgré tout, c’est la leçon que nous avons retenue de ce séjour qui s’achève ce 26 novembre 2012.




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