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Avec mes chevaux, aux confins de la Chine
Clara Arnaud
Projection-rencontre - samedi 23 janvier - 18h
Diaporama de Clara Arnaud. 45 mn
A 21 ans, Clara Arnaud traverse seule l?ouest de la Chine à pied, accompagnée d?un, puis deux chevaux. Son but : relier l?Extrême Ouest de la Chine aux contreforts du plateau tibétain. Six mois d?une chevauchée hors du commun, entre solitude des immensités et rencontre avec des peuples oubliés.
Etudiante en géographie, Clara Arnaud est passionnée par la Chine depuis toujours et apprend le mandarin depuis ses 15 ans. Cela lui est utile, même si les familles qui l?accueillent tout au long de son périple, sont souvent plus à l?aise avec le ouïgour ou le tibétain.
Dans le Xinjiang, son cheval apparaît parfois bien anachronique dans une contrée en plein développement : à mesure qu?elle avance vers l?Est, les petits villages laissent place à des villes. Elle doit alors faire preuve d?imagination pour trouver du grain.
Elle lutte contre la géographie, la météo, mais aussi contre les hommes, en uniforme ou bien armés d?un couteau. Au cours du voyage, elle doit renoncer à une partie de ses ambitions.
Elle rejoint clandestinement le Tibet. Finie l?hospitalité, ses rencontres la regardent toutes de haut. A mesure qu?elle s?enfonce dans des régions peu habitées, son rapport à la nature et à elle-même, la métamorphose. Concentrée sur ses besoins primaires (manger, boire, dormir), elle devient plus rude et apprend peu à peu à communiquer avec ceux qui vivent en permanence dans cet environnement hostile. Les monts où flottent les drapeaux à prières deviennent de véritables moments de joie pour elle. Les barrières avec les moines et les familles tombent à mesure qu?elle comprend mieux l?influence de la nature sur l?homme.
Dans le Nord du Tibet, elle est prise de court par les émeutes qui précèdent les Jeux Olympiques. Toujours en situations irrégulière, elle craint un contrôle policier.
Interview de Clara Arnaud
La Chine à pied, seule avec des chevaux et si jeune, d'où est venue cette envie ?
Il se trouve que j'ai grandi dans un milieu rural entouré de chevaux, que très jeune j'ai pratiqué beaucoup de sport et couru en forêt, ce qui a développé chez moi un lien nécessaire à la nature, à l'espace, et au cheval. C'est après quelques virées classiques dans les grandes villes d'Europe, un séjour au Québec après mon bac et l'Irlande à dix-huit ans avec mon vélo que j'en suis venue à dix-neuf ans au Kirghizstan où j'ai séjourné deux fois deux mois. L'Asie Centrale, ses espaces assez vides, composés de déserts et de hautes montagnes depuis le Caucase jusqu'au Tibet m'attiraient.
J'ai une certaine fascination pour les gens qui vivent quasiment en retrait du monde. Enfin, c'est ce qu'on pourrait croire. En réalité, certains Kirghizes que j'ai pu voir sont plus informés sur le monde que des jeunes américains croisés à Seattle par exemple. Le choix de la Chine est également lié au fait que dès l'âge de quinze ans j'ai appris le mandarin. A l'époque cela a développé un intérêt pour le pays qui s'est un peu émoussé au fil du temps. Jusqu'au jour où depuis les steppes de Kirghizie, j'ai réalisé que l'ouest de la Chine, les régions mongoles et le Tibet avaient tout de l'Asie Centrale. D'un point de vue géographique tout au moins, les frontières disparaissent.
Cette région correspondait exactement à ce que je voulais : des longues marches qui allaient me permettre de passer du désert aux montagnes, en passant par les contreforts Himalayens, jusqu'aux terres de moussons. En terme de contrastes géographiques j'allais être servie, à l'échelle mondiale on ne fait pas mieux ! Et sur le même territoire, sans frontières à franchir je pouvais passer de l'islam au bouddhisme, avec une large diversité de courants religieux et de peuples. Avec mes bases de chinois je bénéficiais alors d'une incomparable palette de cultures avec toujours un moyen de communiquer, c'est extraordinaire !
Partir seule quand on est une jeune fille de 21 ans ne doit pas être de tout repos. Quelles sont les plus grosses difficultés que vous avez rencontrées ?
C'est manifeste. La preuve : je me suis faite attaquer, voler mon appareil photo. Heureusement j'ai été seulement menacée. Un couteau a été suffisant pour que je n'oublie pas de rester sur mes gardes. J'ai réellement ressenti de la peur, alors que je ne l'avais jamais vraiment connue dans ma vie. Je ne suis pas peureuse.
Même si dans la majorité des cas les désagréments se résument à une présence masculine envahissante, du harcèlement, c'est épuisant ! Au fond, rien de méchant.
Je ne suis pas certaine de ma capacité à renouveler l'expérience. C'est à la fois incroyable de se fondre partout, et affreusement pesant de n'atteindre jamais la pleine confiance. Ma règle d'or : ne jamais m'aventurer sans la rassurante présence de femmes et enfants. Malgré ces principes, on peut oublier la sérénité. J'ai été déçue de constater que ceux qui peuvent paraître les plus bienveillants posent parfois le plus de soucis. Quelle déconvenue de se sentir trompée.
Conclusion, je me méfie plus de l'humain que de l'animal. Je n'ai jamais craint les loups ou d'autres bestioles qui terrorisent l'imaginaire collectif. Ils nous redoutent, pas l'inverse. Les situations d'isolement complet comportent un potentiel de risque non négligeable.
L'autre véritable difficulté n'est ni le froid, la neige, le ravitaillement infect. Non, c'est indéniablement la solitude. Je le pressentais, je l'avais choisie. Mon projet était trop personnel pour que quiconque vienne s'y greffer. Monter une tente rapidement pour échapper à la tempête de neige, débâter les chevaux, leur fournir de l'eau, se faire cuire des nouilles lyophilisées : avec un ami avec qui en rire, ces gestes paraîtraient presque agréables. Ils deviennent une corvée après trois jours sans avoir croisé âme qui vive.
Après des heures qui défilent comme une éternité, un visage et un bout de pain constituent de purs bonheurs. Partir seul, c'est aussi accepter de ne pas partager de souvenirs a posteriori. Le plus fort n'est pas le plus aisément racontable. C'est le plus intime donc le moins sensationnel. On l'exprime probablement mieux à l'écrit qu'à l'oral.
La suite de l'interview --> Cliquez ici
Lieu :
Maison des Mines
- 270, rue Saint-Jacques - Paris 5
Accès
: RER : Luxembourg (sortie rue de l'Abbé de l'Épée), Bus : 21, 27
(Feuillantines), 38 (Val de Grâce), 82
(Auguste Comte), 83 (Port Royal Saint Jacques), 84 (Panthéon), 89 (Mairie du V-Panthéon), 91 (Port
Royal Saint Jacques). Métro le plus proche: Censier Daubenton (Ligne 7). Station Vélib' face à l'entrée.
Tarif : 6 €.
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