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Niger 2005. Alors que les températures dépassent régulièrement les 50°C à l'ombre, l'explorateur Pierre Schmitt plonge seul et à pied à la rencontre d'un mythe : le désert du Ténéré. Il remonte les contreforts Est du Massif de l'Aïr, un fief Touareg aujourd'hui en rébellion.
Il part sans guide, ni même un chameau, tirant un simple traîneau artisanal, une autonomie d'un mois et demi de vivres et 2,5 litres d'eau à boire par 24h. Il traverse sur 700 km et en 4 étapes (points d'eau), l'une des zones les plus arides de la planète. Sa quête : « voyager aux frontières mentales et physiologiques de l'acclimatation du métabolisme, pour se rapprocher du légendaire peuple Touareg et essayer de comprendre pourquoi ses nomades ne quitteraient pour rien au monde ces contrées aussi hostiles où règne un Rien (apparemment) absolu ».
« Je pars dans des déserts hyper-arides complètement vides... pour finalement rencontrer du monde, et mieux connaître l'Autre ! » explique Pierre. Il a aussi trouvé dans la vie des nomades touaregs, une part de lui même qui vit à présent là-bas. Il repart le plus souvent possible dans les montagnes de l'Aïr rejoindre ses amis, leur campement et Abzao son chameau, ...
Lorsque je pars pour une marche en solitaire au Sahara, ce n’est pas pour tenter un exploit qui ne dure que le temps des honneurs, loin de là. Par contre, l'apprentissage, les approches physiologique et psychologique sont très nettement plus enrichissants.
Sur l'aspect sportif, ce mode de transport ne requiert pas une carrure d’athlète. Beaucoup de vigilance, une grosse motivation, une bonne dose de volonté, de préparation technique et mentale sont préférables. Et il est conseillé d’aimer le désert...
La planète foulée dans ces endroits comporte très peu ou pas de traces humaines, si ce n'est quelques ateliers néolitiques. Sentir l’échelle humaine du temps rétrécie à ce point donne à celle planétaire une sacrée force qui pousse obligatoirement le petit marcheur à la modestie ! La vie d’un être vivant y est d'autant plus précieuse, si fragile, si courte, si éphémère.
"Le désert est un pays simple où tout est compliqué", dit-on. J’aime me retrouver complètement seul avec le désert, sans rien d’autre que ce qui en émane. Du haut de mes très modestes connaissances sur ce milieu, je cherche à le vivre de l’intérieur, en profondeur et en douceur, à 100% de ce qu’il voudra bien me faire partager (et qui me sera perceptible...). Je ne connais aucun autre moyen pour arriver à vivre avec une telle intensité ces émotions uniques, seul au milieu d’un espace si authentique, immense, intemporel et immanquablement fatal à toute forme d’arrogance.
L’esprit de conquête n’y a pas sa place.... d’autant que je suis très loin d’avoir l’expérience de ceux qui le vivent tous les jours. Puis les habitants qui se sont adaptés à ces environnements me fascinent. Qu'est-ce qui peut bien les retenir ces nomades dans des régions aussi arides ? Leur simplicité, leur accueil et la philosophie de vie qui les animent forcent le respect et mon admiration.
J’aime prendre leurs leçons sur ce qui touche l'essentiel.