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Le monde en scooter
À 30 ans, Sophie et Jérôme Maurice partent en scooter sillonner 20 pays pendant trois ans.
Sur plus de 70 000 kilomètres, ils parcourent Amérique du Sud, Égypte, Moyen Orient, Inde, Asie du sud est, etc. Un périple au long cours exceptionnel !
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Extrait de leur site Internet.
La Syrie a été pour nous le pays des surprises. Tout d'abord sur le plan climatique. Nous nous attendions à trouver le soleil et, sinon la chaleur, du moins des températures agréables. Pluies, vent glacial,... et même neige nous ont vite fait déchanter.
Surpris nous l'avons également été par la forte communauté chrétienne qui vit aux côtés de la population musulmane, dans une ambiance totalement sereine. En cette période de fin d'année, nous ne nous attendions pas à voir Pères Noël, décorations et crèches dans les rues de Damas.
Souk d'Alep, cités de Palmyre et de Zenobia, vieille ville de Damas, théâtre romain de Bosra,...autant de raisons de nous émerveiller dans ce pays chargé d'histoire.
Mais surtout, ce que nous retiendrons, c'est cet accueil chaleureux, cette gentillesse qui dans les petits villages comme dans les grandes villes caractérisent si bien les Syriens. Une hospitalité simple et sincère!
Malgré des températures basses et un temps gris, nous avons décidé de profiter de nos scoots pour aller vers l'Est de la Syrie.
Alep, Deir es Zor, Palmyre, puis Damas, un trajet principalement dans le désert. Pourtant la réalité de cette région nous est tombée " sèchement " dessus : un désert peut être humide !
C'est ainsi qu'un soir, alors que nous avions monté la tente à l'écart de la route, nous voyons s'annoncer au loin un orage. Eclairs magnifiques, tonnerre lointain qui au fur et à mesure se fait plus assourdissant et, …. ploc ! ploc ! ploc !
C'est résignés, que nous nous enfonçons dans nos duvets, certains de retrouver le soleil le lendemain…
Au petit matin, non seulement il pleut, mais le ciel est désespérément bas, gris, et surtout la tente n'est qu'une piscine ! On a connu des réveils plus sympas !
Nous plions tout et après avoir chargé les scooters nous partons rejoindre la route. Ces 2 km nous prennent beaucoup de temps. En effet, cette terre argileuse est non seulement une patinoire mais de plus elle se colle à nos scoots et bloque les roues ! 30 minutes plus tard nous atteignons l'asphalte salvateur, aussi crottés que nos montures ! Ce mauvais temps nous le gardons jusqu'à Damas, cependant il ne nous empêche pas d'apprécier les différents sites tels le Qualat Jabar, fort encerclé par les eaux du lac Assad, Zenobia, ville fortifiée qui s'étend en pente douce jusqu'à l'Euphrate, et l'oasis de Palmyre.
Encore qu'à Palmyre, nous avons été " soufflés " par une autre réalité : dans le désert le vent peut être très violent !
Encouragés par un soleil timide nous déplions notre tente dans la vallée des tombeaux; C'est alors qu'un cousin éloigné de notre ennemi laissé en Patagonie se lève brusquement. Tente impossible à dresser, scooters par terre, … nous décidons de nous réfugier dans la palmeraie toute proche.
Le lendemain, bien que le vent n'ait point faibli, nous décidons quand même de partir. Nous avançons à une vitesse ridiculement faible et au bout de 60 km nous sommes obligés de nous abriter dans un campement de mineurs !
Malgré le froid qui nous gèle jusqu'aux os, nous sommes chaque fois réconfortés par la chaleur humaine que l'on nous témoigne dans les moments les plus difficiles . A Raqqa, où après cette nuit d'orage, Fatimah et son père nous offrent une soupe autour de leur poêle. A Palmyre, où Mohammed nous ouvre les portes de sa palmeraie pour que nous passions une nuit à l'abri. A Kunayfis encore, où la famille Horani nous héberge alors que dehors le vent nous condamne à l'immobilité.
Cette solidarité humaine nous réconforte chaque fois tant physiquement que moralement et ce sont autant de pieds de nez envoyés à cette nature capricieuse !
Nemir Arab, expert géophysicien, sa femme Raïda et leurs enfants, Laïla, Samir, Lana et Basim nous ont permis de découvrir la haute bourgeoisie syrienne. Amis des parents de Jérôme, ils se sont attachés à nous montrer l'excellent niveau d'éducation de ce pays dans les écoles privées mais aussi à l'université. Laïla est chirurgien-dentiste, Samir est médecin en cours de spécialisation en chirurgie, Lana étudiante en médecine et Basim en classe de seconde dans un collège privé que nous avons visité. Ils nous ont fait comprendre l'importance sociale de faire de très hautes études, d'ailleurs Raïda, pharmacienne, ne travaille qu'à mi-temps afin de continuer à faire réviser ses enfants, bien qu'ils poursuivent des études supérieures.
Grâce à eux nous sommes allés dîner et déjeuner dans les meilleures restaurants de la capitale. Cuisine fine, personnel parlant anglais et français et clientèle de la " Jet Set " qui n'a rien à envier à celle de Paris. Les femmes et les hommes de cette classe aisée s'habillent à l'occidental et ces dames, bien que pratiquant la religion musulmane, ne portent pas le voile.
C'est aussi grâce à Nemir que nous serons interviewés par deux journalistes du quotidien national de langue arabe Teshreen et du Syria Times en anglais. Nous avons pu ainsi mieux expliquer notre périple dans les écoles syriennes en présentant cet article rédigé en arabe.
De religion musulmane, la famille Arab nous a montré avec fierté les lieux où était célébré Noël dans la capitale.
A quelques kilomètres de Damas, en direction du Liban, se trouve le petit village de Bloudan à majorité chrétienne. Situé en altitude il est recouvert de neige tout l'hiver. Chaque vendredi toutes les familles de Damas vont y prendre le bon air et nous avons assisté à notre grand étonnement aux batailles de boules de neige entre femmes, souvent des femmes voilées avec le tchador noir mais aussi à la confection de bonhommes de neige …. sur les capots de voiture ! Laïla nous l'a fait découvrir en nous y emmenant déjeuner avec son meilleur ami, un médecin chrétien. Un souvenir magnifique de cette journée où la neige tombait sur les montagnes à quelques pas de la frontière libanaise.
Un grand merci à Nemir et à sa famille pour nous avoir donné l'occasion de découvrir cet autre aspect de la vie syrienne.
Extrait de leur site Internet.