L'Esta est un formidable moyen de réaliser de courts séjours aux USA sans devoir passer par une ambassade ou un consulat américain pour effectuer une demande de visa. Cependant, ce n'est pas un laissez-passer qui vous permet de faire n'importe quoi... Les Américains sont très à cheval sur le respect des règles. Voici quatre limites de l'Esta qu'il est impératif de connaître.
1. L'Esta ne garantit pas l'accès au territoire américain
Elle ne représente qu'une première
étape. Avant de franchir la frontière, vous devez convaincre l'agent de la Customs and Border Protection (CBP) que vous
respecterez les limites imposées par votre Esta : faire du tourisme et/ou des affaires pendant 90 jours
maximum. Il ne faut surtout pas prendre à la légère ses questions : elles n'ont rien d'une routine car
de nombreuses personnes tentent chaque année d'utiliser leur Esta pour s'installer aux USA ou y travailler
de façon illégale.
Les séjours les plus longs sont toujours les plus louches à leurs yeux et vous devrez les convaincre de vos bonnes intentions.
Il y a quelques années, l'agent m'a demandé pourquoi je restais presque 90 jours. J'ai répondu que je voulais profiter aussi longtemps que possible
du pays. Le contexte de ce voyage, mon métier et le fait que je vienne pendant l'été
ont suffi à prouver ma bonne foi.
En 2017, l'historien français Henry Rousso a été retenu par la CBP pendant dix heures, soupçonné de travail illégal
parce qu'il allait donner une conférence. Le fonctionnaire ignorait que certaines activités, dont celles liées à la recherche et à l'enseignement,
bénéficiaient d'un régime d'exception de visa.
Chaque année
=> 2 millions de Français, 300 000 Belges et 400 000 Suisses viennent aux US pour tourisme et/ou affaires.
=> 0,55 % des Français, 0,36 % des Belges et 0,45 % des Suisses dépassent la durée limite du séjour.
2. L'Esta ne permet pas de voyager de façon illimitée aux US pendant 2 ans
Ce serait un peu facile s'il suffisait de rentrer en Europe quelques jours pour pouvoir à nouveau enchaîner un voyage de trois mois aux USA, et ce, autant de fois qu'on le souhaiterait. Ainsi, les textes indiquent clairement que les voyages doivent être espacés "d'un délai raisonnable". Ce terme est sujet à interprétation mais les agents considèrent souvent que si vous restez trois mois sur place, vous ne devez pas revenir avant trois mois. Bien sûr, ils ne se contentent pas d'examiner vos dates d'entrées et sorties pour juger si vous pouvez franchir la frontière. Votre emploi, votre enracinement, la situation de votre logement, la preuve de votre billet retour et les explications que vous fournissez sur vos séjours seront autant d'éléments déterminants.
Attention au timing
Évitez à tout prix un séjour qui dure tout juste 90 jours. Un vol retardé, une tempête de neige lors d'une escale, une inondation... Autant d'événements qui peuvent vous conduire à retarder d'un jour votre départ des US. En ne respectant pas votre limite de séjour, même de quelques heures, vous risquez d'avoir des difficultés lors de votre prochain voyage.
3. Pour les services de l'immigration, un travail n'est pas forcément rémunéré
Vous pensiez faire du "wwoofing" en étant volontaire dans une ferme ? Vous souhaitiez échanger votre sueur
dans les champs contre un hébergement ? Alors, c'est une très mauvaise idée d'utiliser l'Esta avec cette intention.
Dans la presse bretonne, une jeune fille a raconté sa nuit dans une prison de Pennsylvanie. Les fonctionnaires ont vite
compris pourquoi elle s'installait deux mois dans un ranch : être bénévole est louable, mais pour eux, cela reste du travail. Or, l'Esta
n'autorise pas à travailler aux États-Unis, même sans être payé.
Si vous souhaitez partir comme jeune fille/garçon au pair, l'Esta n'est pas non plus adapté à cela. Il y a
quelques années, une adolescente de l'Oise avait témoigné sur son expulsion.
À
19 ans, c'est dur de se retrouver menotté et en tenue orange, enfermé 24 heures
dans une pièce dont les néons ne s'éteignent jamais, dans un pays que l'on pensait découvrir innocemment.
4. Sortir des USA ne remet pas forcément le compteur de votre Esta à zéro
Les incursions au Mexique, au Canada ou sur des îles proches des USA sont considérées
comme incluses dans vos 90 jours passés sur le territoire. Nous avons consacré
un article à une voyageuse qui pensait remettre le compteur de son Esta à zéro simplement en faisant
"le tour du poteau" en passant une journée au Mexique.
Sa stratégie a fonctionné une fois, mais pas deux. Elle a été retenue en détention deux mois.
Si vous souhaitez vous installer aux États-Unis, nous avons écrit un
article qui recense 5 manières différentes d'obtenir légalement une green card
(c'est-à-dire le statut de résident permanent américain). Personnellement, j'ai utilisé
le programme EB5 (il permet d'y vivre sans pour autant avoir
un employeur). Le
visa E2 est aussi un bon moyen de s'installer sur place.